Une photo en dit long mais peut-être pas assez.

Une photo dévoile les secrets à moins qu’elle ne les déforme ou ne les transfigure.

Une aire de lancer circulaire qu’il est inutile de balayer puisqu’il s’agit d’une compétition en salle ; des chaussures adaptées, sans pointe bien évidemment mais composées d’une surface antidérapante ; un projectile sphérique d’une masse de 4 Kg équivalent à la catégorie.

Bien logé à la jonction du cou et de l’épaule, le poids attend sa projection, fruit du grandissement et de la répulsion du corps associés à l’allongement du bras dans un angle sensiblement proche de 65° par rapport à l’horizontale. L’engin ira atterrir, on le souhaite, le plus loin possible et, en salle, sur des tapis de réception nécessaires à l’amorti d’un impact fort.

Nous sommes ici à l’amorce de la pose du second appui juste après le sursaut ; cette prise d’avance de l’appui qui servira d’ancrage et de répulsion sous la forme d’un ressort pour élancer le corps vers une relative verticale et donner de la vitesse à un engin dont la nature est l’inertie. Le regard n’est pas encore dirigé vers le lieu de réception ; on imagine ce dernier, on l’intériorise.

Quatrième essai d’Anne-Laure et, en regardant les résultats des compétitions en l'occurrence de ce championnat de France cadette en salle à Aubière en mars dernier, cet essai n’a pas été validé mais il venait juste après sa meilleure performance du jour qui lui permettait d’obtenir la troisième marche du podium. Est-ce la photo qui l’a distraite à tel point de rater son essai ? Probablement pas ! Dans ces moments, la concentration est à son apogée ; rien ne doit distraire aux alentours. Il faut garder à l’esprit son seul objectif : projeter loin. Et le geste est tellement intégré qu’on n’a plus qu’à le réaliser au mieux avec les adaptations inconscientes et conscientes du moment.

On ne peut pas dire que cette activité soit des plus médiatiques. Le spectateur cherche plutôt les envolées ou les batailles de couloir. En arrière plan, sur la "coursive" supérieure du Stadium J. Pellez, les regards sont d’ailleurs dans un autre sens. En revanche, ce lancer fait vraiment appel à une force pure qui doit se marier avec la technique. Et cette force ne se tire pas seulement au niveau du bras. Elle vient, des jambes, des abdominaux, de l’équilibre du corps, de la vitesse impulsée, du fond de l’être…

Le 1 mai, Anne-Laure qui n’en finit pas de progresser (pas uniquement dans cette discipline) pointe sa meilleure performance au poids à 11 cm seulement des minimas pour les championnats du monde cadette. Quelques centimètres qui ne sont pas si faciles à dépasser.

Photo Serge Citon

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