Vaste thème que celui-ci mais fondamental.

Notre pays est parsemé d’associations qui donnent vie à nos quartiers ou nos villes. Les associations sont des lieux de rencontre importants, limitant l’isolement des uns, favorisant la vie en communauté, diffusant des valeurs de partage et s’entourant des engagements pour s’engager elles-mêmes.

Le tissu associatif est nécessaire, large à certains endroits puisque ressenti comme utile. Mais il est fragile. Il doit combattre les affres de l’individualisme et ceux du communautarisme. Il subit par ailleurs de plein fouet les conséquences d’un volontariat usant devenu difficile à mener. Mais ce dernier résiste parce que ressenti comme plus fort que l’intérêt personnel.

Mais qu’est-ce qu’en définitive l’esprit associatif ?

On pourrait le définir en opposition à d’autres termes. L’esprit d’association ne convient pas ; nous ne sommes pas ici en mathématiques ! Nous ne sommes pas dans une simple addition des forces ; nous ne sommes pas non plus dans les amalgames que la pensée unique engendre où il est de bon alois de penser que nos idées valent plus que celle des autres et doivent donc être celle des autres. Nous ne sommes pas dans le si…alors… Nous ne sommes pas non plus dans le simplisme qui consiste à mettre en regard une cause à une conséquence. Un esprit associatif est beaucoup plus systémique. Il respecte l’avis de chacun, l’entend aussi, peut le prendre en compte enfin dans la mesure où il correspond à un cadre commun, un socle commun auquel chacun des membres se doit de répondre. Un esprit associatif érige le droit commun en avant du droit individuel. Le mot association ne donne donc pas le droit d’associer tout le monde sauf si cela fait communauté ! Et ce n’est pas simple d’y parvenir.

L’esprit associatif n’est pas non plus l’esprit de corporation. En effet, même si les membres suivent une direction similaire, une association accepte les origines ou les chemins de traverse des uns et des autres pour les combiner et vivre ensemble suivant un cadre commun et organisé. Les membres font corps d’une manière différente que ce que pourrait être cet esprit de corporation où tous suivent le même axe (tel un bouclier au contact de l’ennemi) sous le principe qu’ils appartiennent à une même communauté rassemblée par le même intérêt. L’esprit de corps n’est pas négatif mais il ne prend pas en compte les divergences et les différences ; il suit une ligne tracée pour l’intérêt du sous-ensemble. L’esprit associatif, lui, prend en compte le sous-ensemble de manière inclusive et non intégrative dans la mesure où celui-ci conçoit le tout avant sa partie.

L’esprit associatif c’est donc faire société pour le bien commun et celui de chacun et non pour l’intérêt personnel ou corporatiste. Il ne s’appuie pas sur une hiérarchie verticale mais sur un pilotage horizontal où chacun des membres engagés détient une voix, où chacun des membres engagés œuvre pour les autres avant toute chose. La parole est donc celle de l’association et non celle d’un seul de ses membres ; la parole est donc commune et s’adresse à ceux qui adhèrent à l’association. Les avis venant d’ailleurs sont pesés, sont discutés, peu ou prou pris en compte mais ne desserviront pas la communauté dont elle s’occupe. L’esprit associatif s’appuie sur l’engagement de chacun dont le premier et le plus explicite est l’adhésion.

A quoi sert une association ?

Rassembler les personnes pour vivre et partager ensemble des objectifs communs. Une association structure, guide, accompagne avec ses ressources aussi modiques soient-elles. Une association cadre et se conforme à un cadre. Une association ne doit travestir sa ligne de conduite ; elle doit s’interdire de répondre aux chants des sirènes, y être attirée pour répondre aveuglément aux attentes d’une société qui s’individualise, accepter tout et son contraire.

Une association suit des idéaux, des valeurs communes, cherche justement par son existence à rassembler sous son toit des personnes engagées ayant un esprit d’appartenance au bien de la communauté. Une association se doit de lutter à sa manière pour un état d’esprit sain prenant en compte les intérêts de chacun sous l’égide de l’intérêt commun, prenant en compte ses membres qui ont fait la démarche de contribuer eux-mêmes à l’intérêt commun. Une éthique plane et se déploie avec persistance et non sans doute, avec conviction mesurée évitant de disperser les forces dans des champs d’investigations qui ne suivent pas la ligne de conduite aussi louable qu’ils puissent l’être.

Est-il possible d’obtenir un collectif soudé autour d’objectifs communs alors que certains désespèrent de voir disparaitre les valeurs ? Nous croyons que oui et nous œuvrons en ce sens.

Est-il possible de créer un esprit associatif, c’est-à-dire un esprit d’appartenance à une association alors que certains renoncent aujourd’hui à cela en faisant référence au passé ou en se résignant face à l’évolution de la société constatée? Est-il possible de fédérer ? Nous espérons que oui et nous œuvrons dans ce sens.

Inspirons-nous alors de la phrase de George Bernard Shaw et restons positifs en luttant contre la morosité ambiante de l’ensemble du secteur associatif national. « Certains regardent la réalité en disant : pourquoi ? Moi, je rêve de l’impossible et je dis : pourquoi pas ? ».

Rien n’est impossible. Nous pouvons à notre niveau agir. Un élan est donné ; des lueurs apparaissent.