Les gestes sont basiques…

Rien de plus simple. Qu’y a-t-il de plus simple que de courir, sauter ou lancer. Le geste est naturel, il va de soi, il vient de soi… de chacun…

Je peux le faire, tu peux le faire… On peut tous le faire…

En revanche, nager n’est pas donné à tout le monde. Piloter un vélo à grande allure dans les bosses, chevaucher un animal, escrimer, combattre sur un tatami, combiner les actions techniques et tactiques des sports co, descendre une rivière déchainée ou guider droit son embarcation, tourner dans les airs, écarter ses membres à l’extrême, qui peut le faire sans des années de pratique ? Sauter de 10 mètres, soulever une masse corporelle ou d’acier, jongler en gardant l’équilibre et les repères spatiaux adéquats, enchainer différentes activités à la suite, viser la plus petite cible qui soit, envoyer et renvoyer une balle ou un volant à l’endroit précis de notre intention, prendre des coups sur le corps ou le visage, qui se sent partant sans pratique conséquente préalable ?

Qui peut s’y atteler sans lieu dédié à ce dernier ?

Il n’y a bien que l’athlétisme qui est accessible, qui est possible, qui est simple. Quand tu bouges, tu sais automatiquement courir, sauter ou lancer. L’athlétisme c’est simple et tout le monde peut la faire.

Mais là est la difficulté car dans cette simplicité apparente vient se greffer l’activité de masse que tout le monde peut pratiquer ou a pratiqué. Il suffit de regarder les pays représentés dans chaque sport au JO et vous remarquerez l’universalité de ce sport. Car il n’exige pas de matériel ou peu… Car chacun peut le pratiquer seul… Car il est la base des autres sports… Et l’universalité engendre une adversité accrue…

Hormis sans doute la perche qui quand on regarde les athlètes, l’activité nous semble hors de portée, ou peut-être les haies (et encore, difficile de se représenter la hauteur à franchir souvent sous-estimée) ou encore le marteau parce que l’engin n’est pas habituel… mais le reste chacun se dit qu’il peut le faire.

C’est en regardant les JO que je me suis réellement posé la question : sauter à cette hauteur en BMX, enchainer des acrobaties impressionnantes, sauter et se frayer un chemin à travers une défense rugueuse, non je ne pourrais pas ou plus, ou il me faudrait bien « réviser ». Mais courir comme Rudisha, Bolt, sauter comme Sdiri, Chicherova et lancer comme Falzon ou Thorkildsen c’est à ma portée. Car finalement le geste est simple…

Tellement simple qu’on n’apprécie pas à sa juste importance l’exploit réalisé. L’impression est erronée. Sans s’y être déjà confronté, la performance dans ce sport si basique ne nous saute pas aux yeux. Les quelques secondes, centièmes de seconde même à gagner, les quelques centimètres, le tout dans des conditions souvent différentes qu’il faut savoir maitriser, condition climatique, physique mais émotionnelle aussi. Car dans ce sport si simple tout se joue à des détails dans la préparation, dans la gestion du concours, dans les conditions de celui-ci, dans l’aléa de l’adversité, dans l’inattendu du geste qui à tout moment peut se dérégler alors qu’il était automatisé…

Et finalement la simplicité de l’activité est rendue complexe par le reste. C’est l’athlète qui peut les surmonter de part ses qualités physiques et physiologiques mais aussi ses aptitudes mentales. La performance dans ce sport ne tient qu’à un fil ténu, à des détails. Plus le geste est simple, plus il nécessite de la précision. Les foulées sont comptées, leur taille et leur morphologie aussi. L’équilibre du corps est préparé… Et le tout n’est pas reproductible d’un athlète à l’autre car le mouvement est le résultat de nos capacités et qualités musculaires et tendineuses. La performance est le résultat d’un travail acharné certes mais aussi de nos qualités intrinsèques.

Dans ce sport, la performance est à l’inverse proportionnelle à sa simplicité d’apparence.

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