Une photo en dit long mais peut-être pas assez.

Une photo dévoile les secrets à moins qu’elle ne les déforme ou ne les transfigure.

Les numéros 96 et 97, bien entendu, passeront la ligne d’arrivée ensemble. Un lien les rapproche et pas seulement celui de l’amitié qui pourtant est l’élément essentiel de cette union momentanée mais aussi avec celui qui, sur le poignet droit d’Antoine Amiot raccorde le poignet gauche de Nicolas Bompart.

Une cohésion parfaite est indispensable tant dans le geste que dans l’esprit. Coordonner sa course sur le partenaire dans une véritable épreuve collective et s’effacer car l’un est au service de la performance de l’autre. S’effacer suffisamment car la performance n’appartient qu’à l’un même si la dépendance à l’autre est indéniable. Rester coordonné, calquer sa course sur celle de l’autre dans l’exigence d’une fluidité du geste ; la course devant rester naturelle pour l’un comme pour l’autre avec notamment un mouvement de bras non contrarié. Et chacun d’entre eux doit alors s’adapter à l’autre : pas seulement le guide qui doit penser à la course de son partenaire tout en anticipant le trajet, le malvoyant aussi, qui cherche à écouter ses sensations kinesthésiques, physiologiques et psychologiques, des sensations internes mais des sensations externes aussi, des sensations provenant de son guide comme celles provenant de son corps ou de l’environnement.

Une histoire d’amitié passant par des moments d’encouragement, de remotivation, d’effacement du doute, des moments d’explication du trajet et de la distance parcourue ou restant à parcourir, d’information chronométrique pourquoi pas : la parole est donc essentielle. Répondre aux questions, anticiper éventuellement celles-ci. Parler trop, ne pas en dire assez. Doit-elle être dosée ? La symbiose s’opère entre les deux partenaires pour trouver ce qui est juste pour l’un comme pour l’autre. Etre guide ne veut bien sûr pas signifier tout raconter mais pas non plus tout simplement diriger. Un juste équilibre est à trouver.

Communiquer restera donc, au-delà et surtout en plus de la performance athlétique, l’action essentielle de cette épreuve. Facteur nécessaire et favorisant la bonne performance si la relation est appropriée et à l’inverse si elle est décalée. Et la communication ne se résume pas au verbal, elle est évidemment d’ordre gestuel, tactile, psychique inévitablement.

Nous rentrons alors là dans le subtil : tout ce qui se nomme l’empathie, connaissance et reconnaissance de l’autre par des indicateurs à peine perceptibles pour celui qui n’a pas la bonne écoute… Et ceci n’est de loin pas donné à tout le monde. L’empathie est une communication juste à l’encontre d’autrui. Et comme toute communication digne de ce nom, elle n’est juste que dans la réciprocité…

Pour l’anecdote, Nicolas termine son marathon de Cheverny en 2h47’17’’ à la 16^ème place au général avec une performance qui lui aurait permis d’accéder au podium des Jeux Olympiques de Pékin. 2012 n’est pas très loin. Souhaitons-lui ainsi qu’à son guide un avenir prometteur enrichie d’une alliance des plus fructueuse.

Photo Fernand BOMPARD

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