Le trail blanc incontournable de notre région avec ses paysages immaculés, la magie de la montagne en hiver.

Le grand imprévu de cette épreuve est la météo : neige? pas neige? Le terrain se prépare les semaines et les jours précédents selon la volonté de dame nature.

Mais l'imprévu s'invite aussi subitement sur la ligne de départ ou pendant la course ! C'est là tout son charme et fort heureusement on n'a pas à choisir mais à gérer la situation qui se présente. Avec les conditions climatiques plus rudes, l'effort à fournir est plus physique et plus technique que l'effort sur un trail estival ou de mi-saison.

u 5 bonnes raisons de participer :

- un territoire splendide avec le massif du Sancy authentique et reconnu Montagn’atrail (des dizaines de parcours permanents et balisés),

- une organisation sans fausse note, de vrais professionnels de ce genre d'épreuve hiver comme été et des bénévoles aux petits soins,

- une convivialité hors paire : vin chaud au retrait des dossards, truffade à la tomme de Cantal à réserver la veille avec les copains, ambiance de folie le jour J…

- si on apprécie la montagne, particulièrement la neige et la beauté des espaces blancs,

- enfin, si on est passionné tout court des courses de montagnes et des espaces naturels.

u 5 bonnes résolutions avant de prendre le départ :

- la 1^ère évidente : être bien préparé(e) avec un plan d'entrainement conséquent dont un travail de proprioception pour garder la stabilité du corps et éviter les blessures de la cheville. La neige plus ou moins profonde ou au contraire dure et gelée sollicite de manière inhabituelle tout notre corps.

- avoir le matériel adapté particulièrement les chaussures, opter pour de gros crampons avec un mesh pour la boue et la neige pour apporter une grande stabilité. Des chaussures qui ont été testées et utilisées lors des entraînements bien sûr ! Se référer à la liste du matériel obligatoire et pas de superflu ! Personnellement, je suis partie avec un collant long, une 1ère couche thermique, une ceinture avec un bidon de 600ml, un buff et une paire de gants (une bonne paire de gants spécial froid qui se transforme en moufle : indispensable sur les hauteurs) et un coupe-vent plié.     Prendre le départ léger, ça va très vite chauffer !

- avoir pris tranquillement 3h avant un vrai petit-déjeuner avec une boisson chaude, miser sur des aliments à diffusion lente comme un cake maison à la farine complète, rapadura, amandes, noisettes, des pancakes à la farine de sarrasin, la banane, du fromage, du pain complet ....Le corps va piocher dedans de grandes quantités pour fournir l’effort ! Les copains de course ont aussi bien puisé dans le cake maison !!

- se lancer bien échauffé(e) avec une routine d’échauffement et de gammes de 30 à 40mn, le démarrage va être violent pour se libérer du plus grand nombre (1400 coureurs) sur les premiers kilomètres.

- se faire plaisir, si on est aligné(e) au départ, c'est pour le plaisir avant tout. On ne sait jamais comment se passera une course même pour les habitué(e)s ! C’est un renouveau à chaque édition. On profite simplement de l'instant.

u Amis lecteurs, amies lectrices, si vous voulez connaître la suite de mon récit…c’est ici !

Après une nuit sous les trombes d'eau au chalet, on espère que c'est bien de la neige qu'il tombe là-haut ! Petit-déjeuner au calme dans l’indécision : est-ce le bon matériel ? La bonne tenue ?...

Echauffement majeur de 40mn, changement de tenue pour rester au sec et go pour l'arche seulement quelques minutes avant le signal de départ !

ð  Départ du Mont-Dore (altitude 1000m) au  col du Guéry (1268m) 

Se libérer de la masse sur les 2 km de sortie du centre-ville sur une partie de bitume légèrement descendante avant la 1ère grimpée du Pailloux.

Toujours du monde au coude à coude sur le sentier boueux où on alterne marche et relance, puis arrive rapidement le sol enneigé. C'est pour cela qu'on est venu, non ?

On avance les uns derrière les autres et dès que la trace est plus large on relance et on double.

On traverse la hêtraie autour du lac du Guéry que l'on aperçoit gelé en son centre, encadré par les arbres givrés, un décor de carte postale.

La neige est bonne, fraiche et suffisamment tassée. Quelques plaques de glace sont situées surtout sur les traverses en bois pour franchir les ruisseaux.

La prudence est de mise mais les conditions semblent optimistes pour se lancer sur le long parcours. Aller voir là-haut ce qui se passe, grimper la Banne d'Ordanche et le Puy Gros à la quête du graal telle était ma décision (désolée Doc Bouillon, je n’ai pas pu résister à l’appel de la montagne !)

L'arrivée au 1er ravito au col du Guéry est riche de nourriture salée, sucrée, de boissons variées...Je pioche des morceaux de Cantal et recharge mon bidon de soupe très chaude. Avec Pascal, nous nous séparons à cet endroit, il m’envoie tous ses encouragements de l'autre côté de la barrière en bois comme si je partais pour l'inconnu. De mon côté, je suis plutôt sereine, j'ai de bonnes sensations  et mes chaussures ont fait leur preuve sur les 9 premiers kilomètres.

ð  Col du Guéry à la Banne d'Ordanche (1480m) 

Retour au grand calme après la foule au col du Guéry, j'apprécie ce silence, à serpenter dans la neige un peu plus profonde avec seulement 2 ou 3 coureurs devant.

Au fur et à mesure de la montée, un vent violent se met à souffler. Sur le flan de montagne, il fait décoller la neige qui retombe en fines particules. C'est joli mais ça fouette le visage !

Sur le plateau, en faux-plat, surtout ne pas s'arrêter de courir avec le vent à 70 km/h en face légèrement sur le côté gauche, car la neige s'enfonce par endroit et l'arrêt serait fatal. Je croise des organisateurs emmitouflés sous leur capuche orange d’où sortent des mots d'encouragement.

Je me fais doubler dans la descente sur Murat par un petit groupe venu de nulle part dont deux filles !! Je ne les laisse pas partir, je m'accroche derrière.

C'est le 15^ème km. Je suis remontée comme une pendule tellement je me sens bien dans ces grands espaces avec des vues d'exception de part et d'autre, le blanc immaculé de la neige et, sur les versants plus bas le vert des sapinières.

ð  La Gacherie (1070m) à Puy Gros (1485m) 

Franchissement de la route pour entrer dans un sous-bois, on grimpe peu à peu sur des sentiers recouverts de feuilles puis à la sortie du bois : la neige.

Alors là ! La grimpée sur Puy Gros s'annonce longue avec une farandole de petits bonhommes qui se concentrent sur leur effort. L'espace d'un instant, on se croit transporté au bout du monde, magique !

Je double plusieurs marcheurs qui pour bon nombre d'entre eux sont bien embarrassés avec leurs bâtons, ils avancent lentement !

Au loin, j'entends la musique à la pointe de Puy Gros et un petit attroupement, des organisateurs déguisés mettent l'ambiance, ça fait énormément plaisir. On échange quelques mots, les têtes sont connues.

Maintenant, il faut attaquer la terrible descente avec un champ de buissons à traverser. Avec la neige, des trous se sont creusés autour des buissons avec des enjambées irrégulières à faire.

Franchement, s'il y avait une caméra, on en rigolerait encore, on saute comme des lapins. Juste après, c'est le mur, le vrai mur de neige à descendre. Avec la solution garantie sans risque : les fesses sur les talons et les mains bien gantées en équilibre pour freiner la descente, ça glisse vite !

Fous rires assurés avec les autres participants !!

Plus on descend, plus la neige fond. Le terrain devient un sol de cailloux, de boue et d'eau jusqu'au 3^ème ravito aux Marais (930m)

ð  Dernière montée sur Rigolet-Haut (1195m) 

Une belle grimpée dans la boue à remonter le ruisseau qui est sans fin où les coureurs croisés sont cuits, à bout de force. On lance des encouragements et on en reçoit.

Encore 3 km avant l'arrivée et connaître le parcours aide mentalement car on visionne les endroits où on va faire l'effort de relance. Ne rien lâcher.

Le contournement d'un pré est interminable dans un single de cailloux alors que l'arrivée est toute proche. On entend la voix de l'animateur au micro !

Les orteils souffrent surtout ceux sans ongle depuis la Sancy Puy de Dôme, on sert les dents !

Et hop ! Voici la ligne d'arrivée. Je suis ravie. J'ai fait une course avec de très bonnes sensations, une joie immense d'avoir la chance de participer et de vivre ces moments d'exception.

4^ème édition du trail blanc du Sancy à mon effectif et toujours une course unique dans un pur émerveillement.

u Rendez- vous au prochain trail hivernal de Vulcain le 6 mars !