Courir une heure pour vivre sept heures de plus. Le jeu en vaut la chandelle, non ? Mais est-ce crédible ? C'est en tout cas ce que suggère une étude, publiée le 29 mars dans la revue Progress in Cardiovascular Disease, et relayée depuis par The New York Times.
Selon le média américain, cette nouvelle étude s'est notamment basée sur des travaux de l'Institut Cooper (Dallas), datés de 2014. Suite à une recherche longue de 15 années et effectuée auprès de 55 137 personnes âgées de 18 à 100 ans, ils avaient établi que 5 minutes de course à pied par jour permettaient de réduire les risques de maladies cardiovasculaires. Des scientifiques de l'Université d'État de l'Iowa ont tenté d'aller plus loin dans l'analyse.
LES RÉSULTATS DE L'ÉTUDE
- La course à pied réduirait de près de 40% le risque de décès prématuré (conclusion déjà formulée il y a 3 ans) et serait l'activité physique la plus efficace dans ce domaine.
- Courir 2 heures par semaine (moyenne des actifs observés par l'Institut Cooper) pendant 40 ans (soit un temps de course total d'un peu moins de 6 mois) augmenterait l'espérance de vie de 3,2 ans selon l'estimation des chercheurs. Un rapport proche de 1 pour 7 qui les a conduits à simplifier ce résultat en : une heure de running reviendrait à sept heures d'espérance de vie en plus.
EN QUOI EST-CE COHÉRENT ?
- Les potentiels bienfaits de la course à pied sur la santé sont reconnus et les arguments avancés (baisse de l'hypertension artérielle, diminution de la surcharge pondérale, augmentation de la capacité aérobie) sont entendables.
- L'échantillon de personnes sur lequel repose l'étude est suffisamment conséquent pour lui donner du crédit. Tout comme l'amplitude temporelle du suivi.
EN QUOI EST-CE À RELATIVISER ?
- Des données négligées. Le lien ne s'établit pas entre l'allongement de la durée de vie et la pratique de la course à pied. Pas uniquement en tout cas. Pourquoi ? Parce que d'autres facteurs sont à prendre en compte. Courir régulièrement (2 heures par semaine en l'occurrence) s'accompagne souvent d'une bonne hygiène de vie, par exemple. Et si c'était celle-ci qui jouait le rôle principal dans les résultats de l'étude ? La pratique d'un sport s'inscrit dans un processus global, attention de ne pas tomber dans la simplification : activité physique = bonne santé.
- Quid du seuil d'excès ? Le Docteur Duck-chul Lee, professeur de kinésiologie au sein de l'Université d'État de l'Iowa et co-auteur de l'étude, précise dans les colonnes du New York Times que l'augmentation de l'espérance de vie « n'est pas infinie ». Il a cependant ajouté que courir quatre heures par semaines, à défaut d'être encore plus bénéfique, ne serait pas contre-productif. Certes, mais qu'en est-il d'une pratique excessive ? A partir de combien d'heures de running hebdomadaires, voire quotidiennes pour les plus accros, cette activité pourrait-elle avoir des effets néfastes ? L'étude ne le révèle pas.