Parole de frontale !

Comme je ne suis pas douée pour les récits, je laisse la parole à ma frontale ! Oui, celle qui m’a accompagnée à la SaintéLyon sur les 22 km, au sein de l’équipe en carton ! 

Bonjour à tous,

Mon histoire démarre après plusieurs mois de captivité au rayon « frontales » de Décathlon. Je suis sauvée de ce mouroir par une grande black (pas tout à fait black) qui me scrute avec délectation, comme si j’étais l’un des chocolats préférés….C’est au passage en caisse que j’aperçois sa carte bleue, à son nom..elle se prénomme Cathy ! Wouhaaa, quelle chance j’ai….courir avec une fille…. Sortie du magasin, je suis vite mise à l’épreuve, sur sa tête, entre ses étranges frisettes !  Si si !!! Car quelques heures plus tard je suis au Roc du Diable à Chatel Guyon ! Le Roc du Diable ? Connais pas….Rocco si…mais le Roc du Diable non….Et là, je ne suis pas déçue du baptème !  Pour la première fois, je goute aux plaisirs interdits d’une course nocturne ! Ca monte, ça descend, ça rigole, ça jure, ça papote, ça s’émerveille….et surtout je m’aperçois que la Cathy, elle aime bien courir et rigoler avec les copines ! Ma nouvelle vie de frontale s’annonce plutôt sympa….

Mais je n’en attendais pas à autant de plaisir…..

En effet, l’aventure continue car le samedi 6 décembre j’ai le privilège de me retrouver dans la sac de sport de Cathy, entre les baskets de trail, le bonnet et les gants…en route pour la mythique SaintéLyon ! 

Je sens bien l’euphorie présente dans les équipes autour de moi. Pour ma part,  je fais partie de l’équipe "Les Copines en Carton" ! Tiens, drôle de nom ! Elles sont quatre, elles sont belles, elles ont le sourire…mais, entre nous, elle ne courent pas bien vite…!!! Chut…. je ne veux pas gâcher leur plaisir (ni le mien!). Il y a

 Cynthia, la runneuse pipilou (grande blonde frileuse, elle court avec une culotte en goretex) Vanou : alias Sue Helen,  belle gosse et bonne vivante

Amélie : vous risquez de la confondre avec l’actrice Mélanie Laurent et Cathy

Les copains sont là aussi: Sophie, alias Emilie Fosberg, Doudou, le roi des indiscrétions aromatiques, Jérémy, Alias Kilian Jornet, Nicolas et Franck. Et puis nous avons notre chauffeur, accompagnateur préféré  : Nico from Montilly ! Ca bavarde dans les voitures, ça stersse, ça rigole, pas moyen de dormir tranquille pendant le trajet ! 

C’est dans la bonne humeur que les teams eamyennes arrivent au stade Gerland à Lyon : ambiance de folie, organisation carrée, l’excitation atteint doucement mais surement son paroxysme. Le dîner de nouilles est vite avalé, c’est l’occasion de faire le point : Cathy me gave de piles neuves, hum…je sens que je vais me régaler !  Les filles s’autobrieffent, se rassurent, pas de chrono, que du plaisir, "carpe diem » telle est leur devise ! L’égrégore est installé, inébranlable !  Je les aime bien finalement ces runneuses en carton.  

A minuit sonne l’heure du crime, Cynthia prend le départ sur un morceau de U2 ? Wouhai bof bof ...ok….allez j’avoue…..ça devient sympa quand 14 000 personnes prennent le départ d’une course ! Carrément génial même ! C’est magnifique : je n’en crois pas mes leds de voir autant de copines frontales se bousculer vers les Monts du Lyonnais. Le parcours est pourtant difficile : 74 km, 1.800 de dénivelé +, en solo pour les plus aguerris, ou en relais à 2, 3 ou 4 coureurs comme mes copines en carton. Elles n’ont peur de rien, elles se sont préparées comme elles ont pu malgré leur vie de working girls, et ce, sous la houlette de Loic (un coach pas en carton !). Tandis qu’Amélie se rend à son poste relais, je monte en car avec Doudou et Franck pour rejoindre Ste-Catherine. Cathy a serré les fesses làa encore pendant le trajet car le chauffeur avait de l’ambition lui aussi, arriver au poste relais le premier ! Une fois sur place, l’attente est insoutenable, je bouille d'impatience sur la tête à Cathy ! Et top départ ! Bien avant l’horaire envisagé : les copines en carton se sont dépassées : 1h55 pour Pilou Pilou qui passe le relais à Amélie, exaltée, qui arrive à son tour à Ste-Catherine le regard transcendé par la joie, la passion de la course à pied. Son visage transpire le bonheur. 

Le parcours est marqué par une succession de patates (pas celles de la Pataterie hein)

Ma voisine de frontale éclaire les pas d’un coureur voisin : un chirurgien ? un caissier de Cora ? Un opticien ?  Exit les barrières sociales là tout de suite, on est tous dans la boue, enfin, moi je suis aux premières loges de ce spectacle de lumières. J’aperçois au loin le défilé de lucioles. Ici, ce fameux bois d’Arfeuilles.  Il nous offre ses racines, ses cailloux, ses ténèbres, son Styx peut-être ? Car oui, le paysage prend parfois les allures de l’Enfer. Mais je suis là, les diables de la nuit n’ont qu’à se plier sous les pas réguliers de Cathy ! Je l’accompagne avec ferveur dans cette quête de l’inconnu. Avec elle, je vis cette aventure, sans jugement, avec son équipe, avec ses compagnons de route éphémères. Car c’est ça la course à pied: un voyage en solitaire, de l’intérieur vers l’extérieur, vers les autres ! Puis la lumière est encore plus belle à Saint-André : le village brille des milles sourires des habitants toujours sur le pied de guerre, à nous encourager.

Cathy parvient à bout du parcours, j’observe sa forme et l’allégresse qui l’anime. Avec Vanou, elles s’embrassent au passage de témoin, l’étreinte est emplie d’émotion. Et c’est parti pour les 22 derniers km….qui prendront fin au stade Gerland. La boucle est bouclée ! Main dans la main, solidaires dans l’effort et l’amitié, les quatre copines en carton passent l’arche sous les acclamations du public, après 9 heures 12 de joie. 

Je redonne la parole à Cathy car je crois qu’elle est  très émue : Merci les copines !


Article par Cathy Monciaud.