La participation au sommet mondial du trail est depuis des années pour moi une obsession. Cet objectif s'est construit sur plusieurs années. Tout d'abord, j'ai participé et terminé la CCC en 2011,  la TDS en 2012, le GRP en 2013. Cette année était l'occasion de participer à cette course mythique puisque j'ai eu la chance d'être tiré au sort.  Chamonix est un lieu où convergent les traileurs du monde entier. C'est un peu le tour de France du trail. Ambiance fantastique !! Les enfants , les adultes vous encouragent. Le dossard avec le drapeau bleu blanc rouge réveille en vous une certaine fibre patriotique.

Le vendredi 29 aôut le départ est donné à 17h30 sous des averses orageuses. Je suis parti avec les 150 premiers (2500 participants). Ensuite ça s'est un peu compliqué, descente humide sur St Gervais et ma cheville droite tourne brutalement, heureusement sans gravité. Je repars assez facilement mais mes ardeurs sont bien calmées. Effectivement, je ne suis qu'au début d'un long périple.. La nuit arrive il faut" en garder sous la pédale". Le passage en Italie s'est plutôt bien déroulé. Le passage dans le Val FERRET est un pur moment de bonheur pour les yeux. La Suisse succède alors à l'Italie et la deuxième nuit ne va pas tarder. Après Champex-Lac au 120 eme KM, une tendinite se réveille  et à ce moment précis le mental va devoir prendre le dessus. Désormais, il me reste 3 cols de 2000m à franchir et autant de descentes techniques et piégeuses. Je décide de faire une pause à l'assistance médicale à Trient. Les kinés s'occupent de moi et me remettent d'aplomb, je retrouve un moral conquérant. Mais une autre difficulté surgit  dans l'ascension de Catogne, le sommeil me gagne et l'expresssion dormir debout est tout à fait appropriée. Exténué, je décide de m'allonger sous un sapin pour faire une pause de 10 minutes. La pause ne durera que 5 minutes car  le froid et l'humidité me saisissent petit à petit. Je continue mon périple. A Vallorcine, la douleur au genou se fait de plus en plus présente, un deuxième passage à l'assistance médicale me permet encore d'espérer rallier l'arrivée. La dernière ascension jusqu'à la Tête aux Vents sera la plus difficile : les pierriers, la brûme, la nuit rendent la progression longue et difficile. Lorsque je bascule de l'autre côté, le jour pointe son nez, la descente sur la Flégère se fait alors plus rapide et la sensation de toucher au but m'envahit.  Les bâtons me sont très précieux, surtout pour atténuer la douleur de chaque pas. Les premiers chalets de Chamonix apparaissent, la foulée s'accélère légèrement, la douleur persiste mais je vais au delà. l'Entrée dans Chamonix à 8h20 est extraordinaire, chaque personne rencontrée nous encourage. L'apogée de cette odyssée ( 168 km 9600 D+) se termine avec mes enfants  et restera inoubliable. Le corps a des ressources insoupçonnées et exceptionnelles et quand on les repousse, c'est jouissif.

Par Nicolas ROBERT