Trail nocturne de Plauzat pour amateurs éclairés!!!

11 février 2011

Un vrai trail hivernal avec des conditions météo à ne pas mettre un rugbyman sur un terrain et encore moins un footballeur. Décor : Verglas, neige, congères, température ressentie hautement négative -15° obtenue par un vent sibérien, le tout de nuit. Ça ne fait pas autant rêver que les cocotiers!!!. Qu'est-ce qui peut bien me motiver de me lancer dans cet enfer ? Il faut une certaine dose de masochisme pour aller dans cette aventure surtout pour un frileux. Nous sommes, malgré tout, 270 à nous lancer sur les 2 distances dont 60 sur le 25 km.

En psy, on parle de dépassement de soi, dans le cadre proposé par la météo, il faut vraiment aller au-delà de ses limites pour entrer dans cette démesure. Mais se retrouver en milieu hostile amène à gérer des paramètres nouveaux tels que l'hydratation avec l'eau qui gèle dans le bidon et la gestion de l'habillement, entre le fait d'avoir trop chaud lorsque le vent est dans le dos et d'être frigorifié quand vous l'avez de face. Que choisir ? En permanence, il faut s'adapter et essayer de faire les bons choix.

Pour autant courir de nuit reste quelque chose de magique avec des sensations hors du commun. La lumière de la frontale, parfois ajoutée à celle d'autres concurrents, transforme vos impressions. Votre horizon se réduit au halo de lumière.

A cela, s'ajoute l'angoisse de ne pas se tromper de parcours en cherchant le balisage dans l'obscurité, donc être en permanence vigilant. Ce qui en fin de course n'est pas aisé car la fatigue diminue les capacités à raisonner et c'est plutôt le doute qui domine.

J'ai observé un phénomène que je ne connaissais pas. La buée de la respiration, créée par le grand froid, passe devant les yeux et la lumière de la frontale lorsque le vent est dans le dos. Elle empêche de voir devant soi pour poser correctement ses pieds sur un terrain rempli de trous masqués par la neige.

Le trail reste encore un domaine ou chacun est mis face à sa prise de risque, sa responsabilité donc devant ses choix.

Le parcours est assez roulant à part quelques congères qui freinent vraiment. Je n'ai marché que 2 fois sur de courtes portions de manière stratégique. La marche, c'est la différence entre un coureur et un traileur. Marcher pour le premier est dégradant alors que pour le second c'est stratégique car il gère son énergie qu'il peut mobiliser quand il repart.

Déroulement de l'aventure

Sur la ligne de départ, je trottine derrière tous les concurrents agglutinés, pour ne pas avoir trop froid, ce qui me positionne parmi les derniers. Dès le début, je vais plus vite que d'habitude pour me réchauffer et je double des traileurs plus lents. Cela devient plus épique quand nous attaquons un chemin enneigé et verglacé où le risque de perte d'équilibre est permanent. Dèés les premiers raidillons, les poumons commencent à brûler avec l'air glacial qui y pénètre. Je commence à avoir chaud et fait le choix de poser le coupe-vent mais peu de temps après, le vent de côté et de face me le fait regretter. Mais je me dis que cela n'est que passager. Le passage des congères est difficile car les appuis sont fuyants et le pied s'enfonce largement avec la sensation désagréable de la neige qui entre dans les chaussures. La présence de marcheurs ne facilite pas l'avancée dans ces passages étroits et difficiles. Sur la fin de la première boucle, on revient à 1 km de l'arrivée, on entend les hauts parleurs mais quand on est engagé sur le 25, c'est moralement difficile de se dire de poursuivre pour 12 km de plus alors que la plupart des concurrents vont terminer. Heureusement les sensations sont bonnes. Après avoir ingurgité un gel et essayé de boire de l'eau gelée de mon bidon, j'attaque une montée douce puis le vent est de face et le froid transperce mes vêtements. Je me pose évidemment la question : mais qu'est-ce que je fais ici ? Au ravito où le thé est tiède, c'est significatif de la température et je suis admiratif du courage des bénévoles dans cette ambiance polaire. Finalement mieux vaut courir. Je choisis de remettre le coupe vent mais je perds un peu de temps car bien évidemment la fermeture éclair est récalcitrante qui plus est avec des doigts gelés, ça ne facilite pas les choses. Sur le retour, je m'enfonce généreusement dans une congère pour finalement piquer du nez dans la neige. Il y a longtemps que je n'ai pas chuté en trail mais sur un tapis blanc et moelleux c'est sans conséquence. Un concurrent s'enquiert de mon état et me double. Le temps de me remettre de cette émotion, il a pris quelques longueurs. A la faveur d'une partie descendante, je le rattrape et le dépasse. Il s'accroche et nous ferons la fin du parcours ensemble. On se remerciera mutuellement à l'arrivée. J'apprécie cette convivialité entre traileurs.

A l'arrivée, le coca est gelé ainsi que les raisins secs. Heureusement, il y a le repas avec de la soupe chaude servie sous un parquet salon. C'est sympathique ce côté rétro style année 60, ça me rappelle ma jeunesse.

Conclusion : heureux d'avoir fait ce trail même si les conditions étaient extrêmes, mais j'ai eu de bonnes sensations, c'est là l'essentiel. Le balisage était parfait pour la nuit ainsi que l'organisation. On nous offre une photo pendant le repas. J'apprécie ce geste car faire une photo de nuit de course est tout sauf évident.