Une photo en dit long mais peut-être pas assez.

Une photo dévoile les secrets à moins qu’elle ne les déforme ou ne les transfigure.

Il s’agit d’un stade d’athlétisme. Il y a des haies déjà ou encore installées ; haies qui concernent la course sur 400 mètres puisque nous sommes dans le virage. Et puis, les lignes d’un écart identique entre elles, suivant une courbe sur un tartan rouge brique le prouvent aussi.

Les couleurs tranchent avec ce maillot bleu azur. Cette couleur de piste s’est fortement répandues à la création de cette matière il y a plus de deux décennies alors qu’aujourd’hui et notamment depuis les championnats de Berlin ou de Daegu, la couleur bleue a fait son apparition. La polémique attire l’attention sur l’importance de la couleur pour la performance. Celle qui apaise surplacerait-elle celle qui excite ? Et pourquoi alors à l’origine le rouge a-t-il été choisi ? Sans doute pour se rapprocher le plus possible des nuances engendrées par la piste en terre. Bref !

Il faut beau, sans doute chaud mais peut-être pas encore ; la casquette est indispensable pour se protéger d’un soleil trop agressif et surtout gênant pour une bonne concentration en vue d’une performance. La casquette a une autre fonction, celle de maitriser le flux de transpiration au niveau de la tête et ainsi d’éviter une trop importante perte hydrique sur la partie la plus exposée. Et puis, bien entendu, prévenir d’un coup de chaleur dans une épreuve longue et dans laquelle on est en proie aux influences climatiques…

Il fait chaud, oui, car un serre-poignet permet de s’éponger de temps en temps de sorte d’éviter aux gouttes de transpiration d’assaillir les yeux.

La concentration (les yeux fixent un point avec détermination) est intense pour deux raisons. La première est l’intention de réaliser la meilleure performance possible mais cela est le tribut de toutes les disciplines sportives. Se concentrer sur la tâche pour n’avoir qu’elle en point de mire sans qu’elle soit le seul but. Car trop de centration sur une chose peut engendrer trop de pression : il faut savoir rester concentré tout en pensant à son corps, ses mouvements, ses sensations… La seconde raison permet en outre de se décentrer de la recherche unique de la performance. Cette seconde raison peut permettre de soulever la soupape de sécurité. En revanche elle occasionne un surplus de concentration sur le geste. Il faut ici penser à sa technique pour éviter la disqualification. Car nous sommes précisément dans l’épreuve de marche, discipline athlétique alliant la vitesse et la qualité gestuelle.

A quoi reconnaissons-nous la marche de la course ? C’est simple. La course à pied permet un temps de suspension entre les deux appuis consécutifs. En marche, ce temps de suspension ne peut exister sinon il est passible d’une faute qui, si elle est répétée à plusieurs reprises, entraine une disqualification. En réalité, cette suspension existe mais est infime. Le principe est donc de poser le talon avant de soulever la pointe de l’autre pied. Cela se traduit dans la pratique par une technique tout à fait particulière lorsqu’on cherche à gagner de la vitesse tout en respectant cette exigence. La jambe avant dont le talon est posé tôt de telle manière à dérouler le pied entier, est tendue. Sur l’image, l’athlète (Yacine Graoui) est donc dans la phase où il vient de poser le pied avant, la jambe droite, le genou rentré. En gardant la jambe tendue, la hanche passe alors en position la plus haute suivant une rotation en arc de cercle dont le centre du rayon se trouve au sol au niveau du pied porteur. Et pour gagner de la vitesse, l’avancée de la seconde jambe pliée passera proche du sol provoquant ce dandinement si caractéristique de la discipline. Une action des bras est essentielle. Elle permet de fournir de l’énergie au déplacement horizontal. Généralement les coudes font quasiment le même trajet que celui des talons.

Pourquoi la marche fait-elle partie des disciplines athlétiques ? Depuis, on a quand même trouvé la solution d’aller plus vite !

Cette discipline n’est que très peu enseignée dans le cadre scolaire. Qui peut se rappeler de l’avoir pratiquée et pourtant nombreuses sont ses vertus : développement cardiovasculaire, coordination, souplesse au niveau articulaire, concentration, moins de lésions cartilagineuses dues au fait qu’il n’y a pas les chocs occasionnés par chaque foulée comme lors d’une course à pied. A haut niveau, l’effort est intense car il implique l’ensemble du corps là où en course à pied on essaiera de diminuer la perte d’énergie occasionnée par les gestes inutiles et intempestifs du haut du corps.

Cette discipline ne fait que trop peu d’adeptes et pourtant elle est extrêmement exigeante. Moins médiatique car la vitesse est « limitée ». La France compte pourtant des athlètes au plus haut niveau mondial pour lesquels une épreuve sur marathon se fait à environ 15 km/h.

Et ceux qui se prêtent au jeu, le font souvent à l’occasion des interclubs, compétitions qui implique la présence d’athlètes dans les différentes disciplines de l’athlétisme afin de grappiller le maximum de points induits par le niveau de performance. C’est assurément le cas de Yacine.