Une photo en dit long mais peut-être pas assez.

Une photo dévoile les secrets à moins qu’elle ne les déforme ou ne les transfigure.

C’est la fin de la course. Une course de vitesse : un 200 mètres. Elise court sur le couloir extérieur, le couloir sur lequel la courbe est moins accentuée et donc sur lequel on peut rester plus en ligne et moins penché, mais le couloir où l’on court en aveugle car étant positionné devant tout le monde et, sur piste, le couloir sur lequel la pente est plus importante dans la courbe ou plutôt dans les deux courbes puisqu’en salle il s’agit d’un tour de piste.

Une position délicate donc, déterminée par les temps réalisés lors du tour précédent mais une position plus enviable sans doute qu’à la corde, couloir où l’on n’aperçoit d’ailleurs pas la concurrente car cette dernière ne doit pas être positionnée de telle manière à remporter la course sinon le photographe l’aurait en point de mire. La classique photo convient bien sûr de centrer le vainqueur pour le mettre en opposition avec ces concurrentes directes. Ce cadre permet en outre de mieux apprécier les distances et les écarts entre chacune.

Elise est ici au coude à coude avec le dossard 206 qui prendra la troisième place laissant la seconde à notre moulinoise.

40 centièmes de secondes, c’est l’écart entre la première et Elise et cela équivaut à quoi en mètre : approximativement 4 soit 2% de la course. Sur un départ et la mise en action, on peut rapidement les perdre…

Parmi ces sprinteuses, on remarque deux styles : celles qui courent les mains fermées et celles dont la main est ouverte, les doigts écartés. Dans ce second cas, celui d’Elise notamment, l’énergie se déplace de chaque extrémité pour se centraliser sur les appuis pédestres. Ces appuis doivent être brefs et efficaces avec un griffé puissant proposant une répulsion dans le sens optimal de la course sans trop prendre de hauteur mais suffisamment pour qu’à chaque enjambée celle-ci ne soit ni trop grande ni trop courte. Et quelle distance fait chaque pas : 2 mètres ? Pour l’écart avec la première, il te manquait deux enjambées, Elise ? (sans doute moins…).

Et pour que l’énergie se distille bien, il faut favoriser l’arc de répulsion. Pour cela un gainage du corps est indispensable et celui-ci prend sa source ou ne perd pas son bénéfice grâce à la sangle abdominale. Toutes ont les abdominaux tendus, maintenant en place le haut du corps avec le bas, le thorax avec le bassin. Tendus mais aussi suffisamment élastiques pour permettre les nécessaires torsions dues aux mouvements des bras et des jambes mais qui doivent cependant être minimales. Et ces mouvements de bras doivent rester au maximum dans l’axe pour éviter ces rotations excessives sources de déperdition dans la transmission d’énergie. De même pour le genou. Le paradoxe là, est de trouver du relâchement dans la tension. Est-ce pour cela qu’Elise a la main repliée ?

Bien évidemment l’arc de tension doit se manifester du haut du corps vers le bas. Une tête en arrière casse cet axe et traduit certainement un surplus de tension pour un manque de relâchement (voir le dossard 230).

Mais pour gagner faut-il tout simplement être tout en rouge (tout d’une même couleur) de la tête au pied ?

Photo : Serge Citon