Quel est l’essence du sport ? En d’autres termes, pourquoi en faisons-nous ? Quelles sont les raisons qui nous motivent ?

Chacun sa raison après tout ! Nous en avons déjà abordé un certain nombre dans les précédentes chroniques.

Il y en a une qui peut motiver mais fait-elle partie de l’origine ?

¤ Lors de grandes compétitions l’enjeu est clair, on y va et l’on sait pertinemment qu’on ne terminera pas dans les premiers, que les premières places seront troquées par les cadors de la spécialité ; ces personnes qui s’entrainent à perte de temps ou qui, même, en font leur métier. Le contrat est clair : la gagne sera reportée. Et puis, on se résout à « courir sur d’autres objectifs ». Et d’abord celui de faire mieux que d’habitude.

¤ Lors des petites compétitions (le terme n’est pas péjoratif mais exprime les compétitions à taille humaine et d’une notoriété moindre parce que ne cherchant pas outre mesure à en gagner) l’enjeu est tout autre. On (le tout un chacun) se dit qu’alors la chance nous est offerte, qu’on peut enfin espérer une place d’honneur et ne pas être relégué au fin fond des classements. C’est le genre de compétition où l’on peut arriver sans le complexe de l’infériorité. Ce sont aussi les compétitions propices à une bagarre d’équipes pour espérer atteindre ensemble le podium ; nous sommes alors loin de la simple compétition à titre purement individuel. C’est enfin le genre de compétition où l’on est fier de montrer le maillot du club, de porter haut ses couleurs pour un honneur collectif, tout relatif soit-il mais honneur tout de même.

¤ Et puis il y des « petites » compétitions où l’on voit arriver les cadors, où le plateau est si relevé qu’on se dirait dans une compétition internationale… C’est tout à fait étrange d’ailleurs de côtoyer l’élite. Ces compétitions ont sans nul doute le mérite de mélanger les stars avec les anonymes de façon plus humaine. Mais c’est alors qu’on est en droit de se poser la question du pourquoi elles sont là, présentes sur une épreuve qui ne leur rapporte que peu de prestige puisqu’anonyme ou presque, une épreuve qui ne les met pas non plus dans une situation réelle de concurrence avec l’adversaire… Est-ce pour le plaisir de participer avec des inconnus ? Est-ce pour la beauté du parcours ? Est-ce pour le bonheur de faire plaisir aux spectateurs et aux organisateurs ?

Et c’est là que la motivation traverse certaines frontières qui dépassent les lois intrinsèques de la pratique du sport originel.

On ne va pas juger car chacun vit comme il l’entend, utilise ses dons et le fruit de son labeur à son profit qu’il soit corporel, psychique, biologique ou financier. Mais contre ces sportifs de l’élite, nous ne combattons plus sur le même terrain. Là où l’on pouvait espérer s’exprimer, on voit ses efforts anéantis par la médiocrité de notre performance au regard de la leur.  Et ce n’est évidemment pas nous qui remporterons la prime, elle est « couru » d’avance.

Une épreuve modeste (et là encore pas de malentendu sur le terme car modeste et noble peuvent s’accorder) doit-elle faire venir coûte que coûte l’élite au prix souvent de sacrifices financiers ? Que va lui apporter réellement cette dépense outrancière ? Un peu de notoriété (mais passagère), une affluence plus importante (et encore ce n’est pas sûr sauf pour les connaisseurs), un nombre de concurrents en hausse (avec en moins ceux qui se disent que ce n’est pas pour eux) ? Et qu’engendre le déplacement de l’élite à la compétition ? La fameuse expression « Dépouiller Jean pour habiller Paul » ? Une autre épreuve en fera donc les frais parce que moins attrayante non pas sur l’aspect esthétique ou relationnelle mais sur la version pécuniaire.

Les motivations sont diverses alors pour l’athlète lui-même mais pour l’organisateur aussi. Et nous ne dirons pas du quel côté nous penchons parce que le nous n’est pas le tout le monde. Chacun fait comme il le peut et comme il le veut. Juste une réflexion sur le sport près de chez nous, près de nous et pour les autres… Une réflexion pour l’avenir du sport lui-même et des hommes en particulier… Une réflexion sur l’avenir tout court…

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