Une photo en dit long mais peut-être pas assez.

Une photo dévoile les secrets à moins qu’elle ne les déforme ou ne les transfigure.

Ce décor a déjà fait l’objet d’une Histoire d’images il y a déjà bien longtemps ; juste dans la côte qui suit celle ligne droite longeant l’étang de Vieure, ligne se poursuivant dans une allée d’arbres tous identiques. Un passage accessible aux voitures mais emprunté à l’occasion du premier cross de la saison dans l’Allier.

Toujours ces fameux fils bleus utilisés par les paysans pour le ficelage des bottes de paille, ces fils qui remplacent joliment la rubalise que l’on déroule souvent à foison pour la jeter aussi rapidement : celui-là est réutilisable.

Les coureurs ici ne sont pas les premiers non mais pas les derniers non plus. Victor ici s’emploie, déterminé à braver la côte un peu raide et glissante pour essayer de déposer, à l’issue, son adversaire direct. Ces camarades de club suivent à distance et c’est bien Alexandre notre poursuivant qui a déjà fait les frais d’un commentaire technique à travers ses lignes…

Qu’il est facile est agréable de fabriquer des similitudes entre le décor et la présence de l’Homme ! La position des arbres, du moins la perspective qu’il en ressort (photo de Fabrice), nous offre une suite de duo qui fait écho aux coureurs présents. Etre esseulé dans une course n’est pas chose facile, mieux vaut faire l’expérience ne serait-ce qu’un temps d’un effort partagé, pour ne pas se sentir seul à souffrir dans l’épreuve qu’on s’est infligée. Motivé par ceux qui sont devant, aspiré par leur élan, poussé par ceux qui sont derrière sans se laisser souffler à leur passage et souffler d’un même élan pour mieux respirer, dégager le dioxyde de carbone que nos amis les arbres utiliseront à profit pour leur construction ligneuse.

Par deux le mimétisme s’instaure. Non que la couleur des chaussures ait induit leur côtoiement mais il s’agit plus là d’un mimétisme gestuel : la course se calque sur celle de l’autre. Les bras et du coup les jambes montrent un parallélisme parfait. En effet, en course l’harmonie à autrui contribue à la performance. Elle est induite et inconsciente. Ce théorème valable pour le couple du premier plan l’est aussi pour les deux autres. Tout fonctionne comme sur des roulettes suivant des rouages bien huilés. Essayez donc de transformer ce synchronisme et vous verrez sans doute votre adversaire perturbé, celui qui est juste un peu à l’arrière et qui place son pied comme si vous ne faisiez qu’un, comme si vous vous déplaciez à l’instar d’un chameau… à l’amble…

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