(se référer à l’article sur le passeport à lire au lien suivant : http://eamya.athle.com/asp.net/espaces.news/news.aspx?id=207376 )

Tout le problème dans les activités athlétiques est de considérer qu’il suffit de se confronter à la situation finale pour apprendre !!!!!!!!!!

Alors sans doute faisons-nous fausse route ; cette situation recèle de multiples habiletés et compétences motrices différentes toutes aussi complexes les unes que les autres ; les unes servant de socle aux autres pour un développement harmonieux et une visée ultérieure et accrue de performance.

Mais que considérons-nous être une situation finale ? Pas la peine de chercher trop loin. Imaginez un athlète sauter en hauteur, courir un 100 m ou lancer un objet spécifique en utilisant les techniques que nous pouvons observer de manière plus ou moins affinée et juste selon notre conscience de chaque tenant et aboutissant ; et bien c’est le but à atteindre, c’est la gestuelle à développer.

La problématique en athlétisme est donc la simplicité supposée de l’action. Courir puis sauter, courir tout court après un départ, courir et lancer : c’est à la portée de tous !

Et bien peut-être ou sans doute pas ! Certainement pas !

Même adulte chacun se rend compte des difficultés que les situations engendrent par manque de réactivité au départ ou sur les impulsions, de tonicité musculaire permettant l’exécution d’une partie du geste, de sensibilité neuromusculaire pour ressentir et adapter, de coordination pour enchainer les différentes étapes de la technique nécessaire, d’endurance ou de vitesse pour rendre l’action efficace… Et à ce tout, difficulté ultime : être capable de réitérer la situation avec le plus de similitudes et de cohérences entre ce qui a été appris et le moment de l’action le même jour, à multiples reprises certaines fois qui plus est. Et plus encore lors des sorties suivantes… A chaque sortie, repenser le geste, s’adapter pour performer au mieux. L’athlète peut ainsi aisément passer au travers de sa compétition d’autant que sa technique n’est pas stable ou qu’elle s’appuie sur un socle branlant (excluons là encore les aspects psychologiques).

Anticiper et favoriser une construction motrice harmonieuse sur laquelle des habiletés spécifiques pourront être développées est l’objectif premier de la fédération française d’athlétisme. Certes, améliorer les performances, certes aussi, diminuer les blessures mais l’objectif est surtout permettre aux athlètes de s’épanouir dans l’activité en offrant tous les moyens et outils transférables aux multiples épreuves. C’est ce que sous-tendent les visées de la rénovation des pratiques athlétiques sur piste et hors-stade.

Eviter de sauter ou survoler des étapes notamment en ce qui concerne la motricité au profit de la performance immédiate doit rester dans l’esprit de tout encadrant et parent. Prendre le temps de construire des fondations solides pour viser des améliorations techniques à partir de 12 ans et par là, à moyen terme, des performances avérées.

La confrontation à cette situation finale ne doit donc pas régir l’entrainement (ou l’enseignement). Au contraire, alors qu’elle recèle de multiples compétences spécifiques, il est alors impossible et vain au débutant de la maitriser immédiatement (c’est déjà difficile chez l’expert comme expliqué plus haut). L’idée est alors de permettre aux enfants d’atteindre un degré de la « technique » essentielle, un degré de compétence minimal. Ces degrés sont alors définis méthodiquement par la fédération et formeront le socle fondateur des autres apprentissages. Chaque acquisition se greffera sur les précédentes tout bonnement car elles sont stables, précurseurs et indispensables aux autres. L’entrainement les sollicitera et les stabilisera de manière progressive et consciente jalonnant le parcours de l’athlète sans aller trop vite pour ne pas les omettre ou les survoler.

Impossible donc sauf pour les plus fins athlètes, ceux qui auraient sans doute pu construire antérieurement des fondamentaux (mais ils sont peu) d’apprendre à travers la situation finale. C’est considérer donc que l’enfant apprend tout en bloc. Ce cas de figure peut exister mais pour la plupart l’accession à ces compétences peut durer longtemps, cela peut les démotiver… et pour tous je le pense, il n’y aurait que peu d’évolution à la suite par manque des acquis de base. Ces acquis contribuent eux aussi à la mise en confiance et à la motivation source de progrès.

Un bon athlète est donc le fruit de l’acquisition contrôlée et régulée des habiletés athlétiques spécifiques au cours d’un processus dessiné à partir de situations culturelles déterminées jalonnant son parcours de sportif sur piste et au-delà… et n’omettons pas là les courses de demi-fond !