à la recherche du temps perdu

Je me situe aujourd’hui devant un paradoxe, à mi-chemin entre une pratique insouciante originelle, celle qui m’a incité par la suite la démarche régulière d’entrainement et une pratique toute rationnelle décriée de prime abord selon mon avis et regard de novice ; à mi-chemin entre ma pratique loisir de départ et celle qu’implicitement et quelque peu inconsciemment dans un premier temps fonde aujourd’hui ma motivation. Je jongle ainsi d’une pratique à une autre, happée par le temps et le refusant d’un même élan. 

Je l’ai voulu. J’ai souhaité m’y initier et maintenant, au-delà des regrets, il faut que j’assume…

J’ai couru, j’y suis allée. Je me suis fondu dans l’effort, y ai plongé toutes entières ma tête et mes guiboles pour finalement laisser l’adversité que j’avais tant décriée en amont me rattraper.

Courir pour le plaisir et, l’aisance aidant, se fixer d’autres objectifs. Terminer la course puis passer à une autre. Choisir ensuite celle qui sera plus longue comme étape à ma construction. Choisir après celle qui proposera les difficultés, celle que tout le monde admire actuellement. Chemin aidant, cercle vicieux, aller toujours plus loin ou toujours plus haut parce qu’au fond de mon être même si frêle je veux exister ; vivre et pour cela accomplir « l’exploit » aux yeux de tous… mais aussi à mon aveuglement.

Et même lorsque j’ai refusé la surenchère kilométrique, je suis tombée dans celle du temps. Course contre la montre, course étalonnée, course à la progression. J’y suis tombée malgré moi car c’est aussi plaisant et excitant. J’ai progressé, voilà son sens… mais le progrès n’est qu’éphémère… Car le temps fuit sans qu’on puisse en palper la moindre épaisseur.

Quoiqu’il en soit, pour ma part, le passage à l’étalonnage temps s’est fait à l’inverse de ceux qui cherchent plutôt à le fuir comme ils fuient leur jeunesse.

Et pour ma part, moi la petite Sophie, j’ai sans doute mis quelques filtres à mes œillères, éclaircissant mon regard obscurcis sur le temps qui fuit. ( !)