Il y a un truc qui me chiffonne mais je ne dois pas faire partie du milieu ; non, je ne dois pas en faire partie !

Il y a une chose qui me titille et qui m’interroge et je n’arrive pas à trouver la réponse… Mais je suis une novice !!!

Tout juste sortie de l’école, pour moi les sonorités anglo saxonnes étaient sans doute académiques, trop académiques !!! En anglais la lettre « a » a plusieurs sonorités et là est la difficulté de cette langue tout comme celle du français. Et pour moi le mot trail est bien un mot anglais. Sa prononciation est donc la suivante : tr-« ai »-il. Cependant dans les bruits de couloir et dans le milieu, les gens disent tr-« a »-il en insistant sur le « a ». Branle-bas de combat dans mon petit esprit et vite, besoin de quelques appuis linguistiques (professeur, anglais de souche ou encore site de prononciation http://www.acapela-group.com/?lang=fr) et là réconfort !!! Ma première prononciation était la bonne ! Moi, la petite Sophie, j’étais rassurée.

Mais alors pourquoi cette seconde ? Et pourquoi tous les coureurs de trail (trail running : on a même enlevé un mot car ce serait trop long) qu’on appelle les traileurs en terme francisé la prononce selon cette seconde version ?

Première solution : tous les coureurs de course nature et raid nature sont ignorants et ne parlent pas anglais… Je reste un peu sceptique sur cet argument !

Deuxième solution : un grand champion a dit un jour tr-« a »-il et tous les autres par mimétisme et surtout par admiration du gourou ont reproduit l’erreur. Cette erreur est alors rentrée dans le langage commun de cette corporation. Pourquoi pas !

Troisième solution : il s’agit d’un idiolecte que je ne connaissais pas sans doute provenant des fins fonds d’une Amérique ultra avant-gardiste à moins qu’elle ne soit rétro… Si quelqu’un peut m’éclairer…

Quatrième solution (ma préférée) : à l’heure où tout un chacun dit que la Droite et la Gauche c’est la même chose et qu’on ne veut plus prendre position ; à l’heure où la religion est rejetée pour son trop important cloisonnement ; à l’heure où l’appartenance syndicale ne fait plus recette ; en d’autres termes à l’heure où les gens n’ont plus et se disent ne plus souhaiter une appartenance idéologique, inconsciemment ils trouvent des moyens identitaires et identifiants pour se trouver un groupe d’appartenance. Et oui, c’est une communauté qui se crée et pour l’intégrer, les acteurs passent par le truchement de plusieurs subterfuges. Dans le trail on aura l’habillement entre autre mais aussi le langage ; ce métalangage qui fait qu’on se reconnait les uns les autres dans le même groupe. Et oui, l’être humain est un être social qui a besoin d’une reconnaissance et d’un groupe d’échange faute de rejeter les autres groupes devenus trop institutionnels. Voilà j’en suis sûre, c’est là la clé… Ce mot trail est volontairement transformé comme mot de passe à l’appartenance au groupe. Plus on dit le « a » mieux ce sera !

Nous arrivons à l’époque du cross, mot encore d’origine anglo saxonne ; il faudra chausser ses running à pointes. Bon, heureusement que tous les mots ne sont pas changés du moins dans leur prononciation car je ne m’y retrouverai plus dans ce monde de l’athlétisme…

C’est fou comme la nature inspire et comme la course laisse place à la pensée vagabonde. En tout cas moi, je reste académique pour une communication offerte car mon appartenance à moi, c’est moi… Je prononcerai donc « TRAIL ». Et vous maintenant ?

Je vais tendre l’oreille.