Une photo en dit long mais peut-être pas assez.

Une photo dévoile les secrets à moins qu’elle ne les déforme ou ne les transfigure.

C’est une course féminine, ici, les cinq cadettes de l’épreuve parmi lesquelles, un garçon de la catégorie minime. Car oui, souvent par manque de concurrents, les catégories sont mélangées proposant aux filles la distance des garçons de la catégorie en dessous. C’est bien ainsi que les épreuves de cross sont construites avec une distinction de distance selon l’âge et le sexe.

La photo met en exergue la première concurrente Clarisse Fouquet par le truchement du plan rapproché sur elle mais aussi du relatif centrage. Relatif car la subtilité du photographe la place légèrement à gauche sur son profil droit ouvrant ainsi la voie à la poursuite du parcours qui peut en l’occurrence s’avérer encore long.

En bas de ce chemin boueux et montant, Ginger Ducret semble un peu décrochée mais s’accrochera jusqu’à la fin pour ne terminer qu’à 45’’ de sa camarade de club.

De style différent, l’aisance de Clarisse, du moins visible sur l’image prévaudra. Son alignement du corps avec la tête dans l’axe sans surcompensation, le regard porté loin devant a contrario de ses adversaires, le genou haut levé signe de fraicheur musculaire, la main gauche décontractée pour un gain d’énergie et le coude proche du corps évitant trop d’ondulations s’ajoutent à la motivation marqué par un regard déterminé. La première place favorise souvent ce comportement à moins que ce ne soit l’inverse.

Malgré tout, il est difficile pour les cadettes de se motiver dans une course où les garçons sont déjà devant et où finalement, il n’est pas anodin de passer inaperçu pour le profane, celui qui ne se contente de regarder que le vainqueur. On ne court pas pour le profane mais pour soi, pour l’envie de se dépasser, pour le plaisir de se dire après le parcours qu’on l’a réalisé du mieux qu’on a pu. Un parcours qui visiblement semblait exigent : montée, et a fortiori descente, boue et qui plus est glissante même avec des pointes. Oui, glissante ; il n’y a qu’à regarder la spectatrice agrippée au grillage de peur de la glissade, les pieds positionnés en canard pour éviter la chute en avant.

Et, en guise d’appartenance et de soutien moral, en plus du maillot de club identique, de manière certainement involontaire, nos deux athlètes arborent la même couleur en redondance, l’une autour des bras l’autre au pied ; une harmonie de haut en bas à l’opposé de la position spatiale du moment des deux jeunes filles.