Une photo en dit long mais peut-être pas assez.

Une photo dévoile les secrets à moins qu’elle ne les déforme ou ne les transfigure.

Image un peu encombrée, c’est peu de le dire. Du monde… beaucoup de monde parmi des objets, des lignes.

Et pourtant, dans cet aspect chaotique apparent règne un ordre tout à fait rituel.

Les adultes se mêlent aux enfants, ici des benjamins garçons et filles. Plusieurs ont un rôle bien défini. D’une reconnaissance immédiate avec son débardeur rouge, le « ratisseur », bien qu’appliqué, utilise un outil classique certes mais qui ne permet pas de planifier le sautoir laissant des creux et des inégalités bien que non préjudiciables à ce niveau de compétition. Avec ces drapeaux, cet autre homme nous indique que le couloir est concerné par une compétition ; une benjamine attend en bout l’autorisation d’y aller. Les quelques bouteilles et objets à droite de la ligne identifient les lieux de départ déterminés par la prise de marques de chaque concurrent. Car même en benjamins, cette dernière fait partie intégrante de l’activité. La preuve nous en est donnée sur la gauche de la photo par l’enfant en équilibre sur la ligne blanche, comptant le nombre de pieds lui correspondant. Sur cette seconde aire en l’occurrence, les enfants sont en phase de préparation et d’échauffement. Chacun teste ses marques, reprend les habiletés spécifiques de l’activité. Et là, la preuve validant cette situation est proposée de plusieurs manières : le sautoir non ratissé, pas d’adulte juge présent, un enfant prenant ses marques et le reste des benjamins sur la ligne de départ dans l’attente de pouvoir faire son essai de vérification de distance avant le commencement de la compétition.

Les organisateurs auront bien anticipé le relatif manque d’expertise des enfants de cet âge en proposant de manières bien distinctes la visualisation des deux sautoirs séparés par une ligne blanche ainsi que de la planche d’appel repérée par des plots orange. La place des plots par ailleurs nous indiquent que les garçons s’apprêtent à du saut en longueur tandis que les filles se départagent sur du triple saut. Dernière précaution, la ligne de barres bleues et orange sur la droite de l’image qui ne sont en fait que la continuité de plusieurs haies permet d’éviter aux enfants de traverser l’espace mitoyen, celui de la piste des courses de 50 ou 60 mètres. Une ligne imaginaire sombre est projetée sur le sol nous indiquant une source lumineuse provenant de la gauche ; des lumières dans une salle couverte.

C’est une image banale d’une situation commune d’athlétisme. D’un simple regard on y voit un enfant de l’EAMYA faire un saut et ses camarades de club s’y préparer. En la questionnant plus profondément, nombre d’indices que recèle la photo nous informent sur le moment de l’action, le type d’activité et les relations entre les différents acteurs. Plus qu’un saut, nous sommes en plein cœur d’un instant vibrant et vivant d’athlétisme en salle.