Une photo en dit long mais peut-être pas assez.

Une photo dévoile les secrets à moins qu’elle ne les déforme ou ne les transfigure.

L’image est épurée, simple, classique mais en dit long. Ce ne sont pas toujours les plus complexes qui parlent le plus et le mieux. Celle-ci nous apprend de multiples enseignements.

Une personne, plein centre, plein cadre sous un parasol ; en arrière-plan une zone verte, des enseignes, un lampadaire ; devant, une zone rougeâtre une grille, des lignes blanches. Sur une table blanche, un objet noir contraste, une petite lumière bleue en rappel de la couleur de la veste.

Les lignes tout d’abord. Blanches, qui ne se croisent pas. Verticales, horizontales, au sol. Poteaux, pieds de table, bordures et murets, planche d’appel. Nous sommes sur un stade.

Le sol brille parce qu’il fait nuit et que les lumières des projecteurs portent mais parce qu’aussi la pluie se mêle à l’ambiance. Le parasol ne remplit pas sa fonction première mais celle de protection de l’humidité. Il pleut, peut-être pas à torrent mais suffisamment pour devoir s’abriter et abriter tout objet électrique. Il ne doit pas franchement faire chaud ni trop froid non plus mais ça ne doit pas être spécialement agréable. Mieux vaut courir mais ce coach ne peut pas le faire. Il attend. Il observe. Il indique. Ses points de repère ? Les plots. Car à quoi servirait celui du premier plan si ce n’est pour son exercice.

Personne. Il est seul, loin de tous et qui plus est comme un oiseau dans sa cage. Les grilles qui l’entourent l’éloignent donc de tout étranger. Un appareil sur la table. Nous sommes dans un exercice le nécessitant. Et quel exercice si ce n’est un test de vitesse maximale aérobie qui s’évalue à l’aide d’un protocole impliquant une précision temporaire et spatiale. Le coach comme un oiseau dans sa cage siffle. Ces premiers coups de sifflet, sans qu’ils soient harmonieux, ne sont pas contraignants ; ils le deviennent au fil du temps, pas par inélégance mais par la faute de l’effort et de la répétition. Vas y siffle ! Mais bien à temps jusqu’à ce que la course s’arrête.

Cette image est lourde d’enseignements : par tout temps le coach est là plus ou moins motivant mais en tout cas pour faire travailler et dans ce cas pour acquérir des éléments d’évaluation. C’est d’ailleurs le but du « vitesse aérobie maximale évaluation » ou plus couramment appelé test Vaméval.

Mais cette image propose d’autres éléments. Une publicité, sponsor principal du club, la seule visible de cet angle de vue. Et comme par opposition, sur l’enseigne illuminée, sans nommer son nom, un concurrent, plus gros, plus visible offrant sa vue gratuitement aux spectateurs du stade.

Nous sommes là dans l’image type du voleur. L’image de celui qui ne veut pas se faire prendre, qui prend en cachette, secrètement, au moment opportun. Son flou artistique n’est pas volontaire mais contribue à son charme ; son décor n’est pas étudié mais nous place dans le contexte, celui de la réalité. C’est la photo type du paparasi ou plutôt de la mamarasi mais là, sur ce stade, par ce climat, nous ne sommes pas dans la « Dolce Vita ».