Une photo en dit long mais peut-être pas assez.

Une photo dévoile les secrets à moins qu’elle ne les déforme ou ne les transfigure.

Un premier plan ; un arrière plan en décalé.

Et pourtant ces deux plans se noient en un. Il n’y a qu’à observer les regards : tous rivés sur un point, inconnu, fuyant, au loin sur notre droite.

Nous sommes sur une course hors stade, en été, au cœur d’un village. La camionnette au loin marque l’arrivée près des barrières matérialisant la fin et qui permettent le classement et la remise de la collation. Nous ne sommes donc pas à la fin de la course, sans doute au début mais en tout cas, il n’y a pas de doute, seuls des coureurs peuvent se déplacer sur la chaussée ; les coureurs sur lesquels les yeux sont tournés. Connus ou inconnus, ce sont les dieux de la fête, des dieux du hors stade qui souffrent pour le plaisir d’éprouver leur corps, pour l’objectif de se sentir vivant.

Mais que font ces deux athlètes du premier plan ? Ont-ils terminé leur course ou s’apprêtent-ils à l’accomplir ? Toujours est-il que leur regard trahit leur ferme conviction à encourager sans aucun doute quelqu’un qu’ils connaissent, quelqu’un du club auquel ils appartiennent déjà tous les deux, couleur et forme de maillot nous incitant à cette conclusion. Parce que l’appartenance à un club induit quelques obligations implicites. On connaît même sans connaître quelqu’un qui porte un maillot identique. Cela a deux avantages, celui de reconnaître un adhérent du même club et celui de favoriser la mise en relation. Il y a effectivement plus de probabilités à côtoyer quelqu’un qui a la même appartenance que soit, quelque soit le mode de ressemblance. La déclinaison visuelle favorise d’autant plus cette approche. Mais en aucun cas il ne s’agit là de signe ostentatoire.

Et ici les encouragements ne sont pas feints. Le coureur est connu car le regard est déterminé et communicatif. La position en avant, penchée comme pour communier ou se rapprocher de celui qui court ou encore pour se faire entendre au plus près à l’image d’une confession, nous le témoigne d’autant plus. Les mains se rapprochant indiquant pourquoi pas des applaudissements ou autre chose…

Je me permets alors une petite interprétation plus ou moins saugrenue (retrouver les allusions en amont de ce paragraphe) : l’église en arrière plan, le soleil comme pour surajouter un halo sur nos deux « Christ » ophes, ce halo provenant des cieux. Je n’en dis pas plus… Leurs encouragements auront-ils portés leurs fruits à moins que ce ne soit leur « bénédiction » ?

Cela dit, notre association est bien laïque.

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